/Prozac na água potável – diz o Le Monde

O jornal Le Monde de 30/8 publica, no artigo entitulado “Prozac na água potável”, dados do uso de antidepressivos na Europa: estudo noroegês sugere taxa de suicídio sete vezes mais elevada entre os usuários de paroxetina que os de placebo; e sua prescrição tem sido enorme: não ocorre apenas para pacientes que não se levantam, não se banham, não se alimentam, mas a uma de cada três mulheres que saem de um consultório médico; sendo que uma em cada dez mulheres o consome regularmente. Na França, mais de 300.000 prescrições são feitas por ano para crianças, sem prova de eficácia da medicação.

O uso é tão generalizado que o medicamento passa da urina ao rios e ao peixes. Em algumas vilas européias, o medicamento já se difundiu pelo meio-ambiente a ponto de ser encontrado na água potável.

O jornal alerta para riscos de tal uso da medicação, lembrando o exemplo do Librium, aclamado publicamente nos anos 60 a ponto da imprensa proclamar: “Librium. Qualquer seja o diagnóstico!”, e cuja ação é hoje considerada viciante, só sendo recomendado o uso por períodos bem restritos.

Leia o artigo:

Du Prozac dans l’eau potable, par David Servan-Schreiber

“La controverse sur les risques associés aux antidépresseurs (Le Monde du 23 août) éclate à nouveau avec la publication d’une étude scientifique norvégienne (publiée dans la revue médicale en ligne BMC Medicine ) suggérant un taux de suicide sept fois plus élevé chez les patients déprimés traités par la paroxetine (commercialisée en France sous le nom de Deroxat ) que chez ceux qui recoivent un placebo.

Tout traitement médical devrait avoir des bienfaits très supérieurs aux risques qu’il fait courir. Les antidépresseurs sont des médicaments indispensables pour le traitement des dépressions sévères : celles qui font que le patient ne se lève plus, ne se lave plus, ne mange plus et devient préoccupé par l’idée de se suicider. Mais comment justifier qu’ils soient prescrits aujourd’hui à une femme sur trois qui sort du cabinet d’un médecin, ou qu’une femme sur dix en consomme régulièrement ?

Comment expliquer qu’en France plus de 300 000 ordonnances d’antidépresseurs s’adressent chaque année à des enfants, malgré le manque de preuves de leur efficacité et le risque, qui, lui, est démontré, d’aggravation des idées suicidaires ?

Comment justifier une utilisation tellement généralisée que ces médicaments passent de l’urine dans les rivières, les poissons ? Et même, dans certaines villes européennes, dans l’eau potable !

A la fin des années 1960, dans un grand journal médical international, une publicité pour le librium, le prédécesseur du valium, proclamait : “Du Librium. Quel que soit le diagnostic !” Aujourd’hui, ces médicaments sont considérés comme potentiellement addictifs, et à n’utiliser que pour de très courtes durées. Sommes-nous en train de commettre une erreur du même ordre avec les antidépresseurs ?

Au Royaume-Uni, le ministère de la santé a pris parti. Dans ses recommandations faites à tous les médecins du pays, il est indiqué qu’à 70 % des patients avec un diagnostic de dépression il devrait plutôt être conseillée une alternative aux antidépresseurs. Ce peut être l’exercice physique, dont on a largement prouvé l’efficacité dans le traitement de la dépression, même avec simplement trente minutes trois fois par semaine. Le taux de rechute est inférieur à celui des antidépresseurs, et les seuls effets secondaires sont la réduction de la tension artérielle et la perte de poids !

L’exercice physique n’est qu’une des multiples approches naturelles qui sont maintenant validées par des études scientifiques pour soigner la dépression ou l’anxiété. Les techniques de respiration ou de méditation dérivées du yoga ont, elles aussi, fait leurs preuves.

La thérapie cognitivo-comportementale, la thérapie EMDR, l’acuponcture, les oméga-3 ou la thérapie par la lumière, toutes ont maintenant leur place dans le traitement des syndromes dépressifs ; et elles n’augmentent pas, elles, les risques de suicide ni celui de contaminer l’eau des rivières.

Mais les méthodes de traitement naturelles ne peuvent pas être brevetées et il n’y a pas d’industrie pour les faire avancer. C’est la principale raison pour laquelle elles n’ont pas fait partie de mon éducation en médecine, ni en France ni aux Etats-Unis. Devant l’accumulation des risques d’une surmédicalisation que plus personne ne contrôle, il est temps que nous les fassions entrer dans notre culture médicale”.

“Article paru dans l’édition du 31.08.05”